À chaque année depuis maintenant trois ans, David, Réjean (mon père) et moi s’organisons un petit camp d’entrainement printanier. C’est mon père qui m’a initié au vélo lorsque j’étais jeune et c’est une activité que nous avons toujours aimé faire ensemble.
Étant jeune, il m’amenait toujours à dépasser mes limites…notre motto était “Ça passe ou ça casse”. J’avais 8 ans, mais j’aimais bien cette façon de penser. Je me souvient qu’on se cherchait toujours des défis : quel est le plus long escalier qu’on peut descendre en vélo? Ou encore, on se faisait des petites courses dans les sentiers et le gagnant remportait une barre de chocolat…naturellement, j’avais 8 ans et pas un seul sous, alors c’était toujours moi qui gagnais! Tout était sous forme de jeu, alors j’ai rapidement pris goût à faire du vélo de montagne. Puis, j’aimais bien ce lien spécial que cela me donnait avec mon père.
Et puis, j’étais tellement fière de moi quand je réussissais enfin à franchir une section difficile après être tombé 4 fois en l’essayant. La clé était souvent dans le « momentum » mon père disait… Je n’étais pas certaine de ce que ce mot voulait dire, mais je savais que plus on en avait, du momentum, plus on avait de chance de réussir une section!
L’autre stratégie que mon père m’a sagement enseignée était qu’il fallait refaire une section tout de suite après être tombée dedans, car sinon on resterait avec cette peur dans la tête. Je me souviens d’une fois où on avait décidé de prendre une piste fermée. À ce moment là, je devais avoir 10 ans environ. La piste était fermée car les conditions n’étaient pas parfaites et cette piste était très difficile. Papa m’a lancé un regard et je lui ai relancé le même regard…pas besoin de convaincre personne, nous allions passé sous la barrière pour essayer la piste. Je suis tombée lors de mon premier essai, alors naturellement, on a recommencé. Je suis encore tombé, puis des adultes qui étaient au bas de la piste ont rit de moi. J’étais tellement frustrée, alors mon père m’a suggéré de recommencer pour leur montrer que j’étais capable. Il s’est mis au milieu de la descente pour m’attraper si je tombais et je suis remonté au sommet pour réessayer. J’avais peur et je tremblais au top de la descente, mais je savais que je pouvais réussir. Ensemble, on avait bien regardé la ligne idéale, alors je savais quoi faire. Je me suis finalement lancé dans la descente et j’ai réussi! J’étais tellement fière et les adultes qui avaient ris de moi m’ont même applaudi! Ce jour là, j’ai bien appris la leçon de mon père, et cette façon de penser ne m’a jamais quittée; quand quelque chose me fait peur, je prends le temps de l’analyser et je me lance! Si je rate, c’est signe qu’il faut recommencer.
Maintenant, 15 ans plus tard, nous sommes à Sedona à rouler 4-5h par jour en vélo de montagne dans certaines des plus belles trails que j’ai eu la chance de faire. Qui aurait cru, à l’âge de 8ans, que le vélo de montagne deviendrait mon métier et que papa et moi pourrions nous organiser des voyages du genre?!
Eh bien, Rej, lui, il y croyait! Dans le fin fond de moi-même, j’imagine que j’y croyais aussi; je disait souvent que c’était mon rêve d’aller aux Olympiques en vélo de montagne. En fait, c’est probablement celle-là, la leçon la plus importante que mon père m’a apprise; de croire en moi. Plus précisément, il a toujours dit que si je croyais en moi et que je travaillais vraiment fort, je pourrais tout réussir.
Bien sûr, croire en soi et rêver grand est une chose, mais il faut aussi garder les pieds bien encrés dans la réalité si on veut vraiment accomplir quelque chose. C’est trop facile de vivre dans ses fantaisies, mais si on ne peut pas regarder la réalité en pleine face et s’avouer ses plus grandes peurs et ses plus grandes difficultés, on est voués à atteindre un plateau et cesser de progresser. Voilà un point où ma mère et David m’aident continuellement; ils m’encouragent toujours à rêver, mais m’aident d’autant plus à être honnête avec moi-même, puis à accomplir une par une les étapes nécessaires pour y arriver.
Bref, c’est en grande partie grâce à mes parents et à David si je vis maintenant mon rêve de faire une carrière en vélo de montagne. Mais ce qui est encore plus spécial à mes yeux, c’est d’avoir le privilège de faire de que j’aime à tous les jours et de pouvoir partager cette passion avec mon père et avec David…et bien sûr avec ma mère qui regarde chacune des courses et qui prend le temps de m’écouter quand les choses ne vont pas toujours comme je le voudrais.
Bien sûr, maintenant les rôles sont parfois inversés... Alors qu’avant c’était papa qui m’encourageait en disant qu’on était presque arrivé, c’est parfois moi qui utilise la stratégie du « On y est presque. Il reste juste une montée » alors que j’en ai aucune idée.
Mais peu importe! C’est très spécial qu’on puisse partager cela et j’en suis tellement reconnaissante!